Les « établissements non bancaires » se retrouvent dans le collimateur du Bureau de protection financière des consommateurs
La nomination par le président Obama, au début du mois, de Richard Cordray au poste de directeur du Bureau de protection financière des consommateurs, une nouvelle agence fédérale créée dans le cadre de la loi Dodd-Frank Wall Street Reform and Consumer Protection Act, a suscité un tollé parmi certains experts constitutionnels et commentateurs politiques, et beaucoup se demandent comment ces récents développements vont affecter les consommateurs et le secteur financier. Il semble que le CFPB va modifier radicalement l'environnement réglementaire du crédit à la consommation, mais l'ampleur exacte de ces changements n'est pas encore connue. Bien que le CFPB ait fourni des indications précises sur ses intentions, il est encore en train de transférer au CFPB le pouvoir réglementaire pour plusieurs lois de protection des consommateurs, de réviser les réglementations existantes et de mettre en place de nouvelles règles et de nouveaux programmes.
Bien que le CFPB ait été créé à l'origine l'été dernier, lorsque le président a promulgué la loi Dodd-Frank, ses pouvoirs initiaux se limitaient à la surveillance des banques jusqu'à la nomination d'un directeur. La nomination de M. Cordray pendant la période de vacances parlementaires permet désormais au CFPB d'étendre considérablement son champ d'action, annonçant immédiatement le lancement de son « programme de supervision des établissements non bancaires ».
Le CFPB définit de manière générale une « institution non bancaire » comme « une entreprise qui propose ou fournit des produits ou services financiers aux consommateurs, mais qui ne dispose pas d'une charte bancaire, d'épargne ou de crédit coopératif ». Le programme de supervision des institutions non bancaires sera mis en œuvre par étapes. Dans un premier temps, avec effet immédiat, le CFPB a l'intention de superviser les entreprises non bancaires suivantes, quelle que soit leur taille : les sociétés de crédit hypothécaire (initiateurs, courtiers et prestataires de services, et services de modification de prêts ou d'aide en cas de saisie immobilière) ; les prêteurs sur salaire ; et les prêteurs privés dans le domaine de l'éducation. Dans un article publié sur le blog du CFPB le 4 janvier 2012, M. Cordray a accusé bon nombre de ces entités non bancaires de mener « une course vers le bas qui a écarté les entreprises responsables, notamment les banques communautaires et les coopératives de crédit, et a gravement nui aux consommateurs ». Il a ajouté que la surveillance de ces entités était une priorité absolue et que le CFPB communiquerait davantage d'informations sur son programme de surveillance dans les semaines à venir.
Cependant, pour d'autres marchés, tels que le recouvrement de créances, les rapports sur les consommateurs, le financement automobile et les services monétaires, le CFPB ne peut superviser que les « grands acteurs » après avoir défini ce que signifie « grand acteur ». Afin d'élaborer une règle relative aux grands acteurs, le CFPB sollicite actuellement les commentaires du public, notamment sur la manière de fixer les seuils et les critères permettant de définir les grands acteurs et sur les marchés à inclure dans la proposition de règle initiale, qui devrait être publiée très prochainement.
En outre, la loi Dodd-Frank autorise le CFPB à superviser toute institution non bancaire dont il a des raisons de penser qu'elle se livre ou s'est livrée à des pratiques présentant des risques pour les consommateurs en matière de produits ou services financiers destinés à ces derniers. Cependant, le CFPB n'a pas encore publié les règles établissant les lignes directrices procédurales pour la mise en œuvre de cette disposition vague et potentiellement très large.
Alors, qu'est-ce que tout cela signifie ? Le CFPB a l'intention d'évaluer si les établissements non bancaires exercent leurs activités conformément aux lois fédérales sur la protection des consommateurs en matière financière, telles que la loi sur la vérité en matière de crédit (Truth in Lending Act) et la loi sur l'égalité des chances en matière de crédit (Equal Credit Opportunity Act). Le CFPB a indiqué qu'il aborderait les contrôles des établissements non bancaires comme ceux des banques traditionnelles et qu'il pourrait exiger le dépôt de certains rapports et/ou un examen par le CFPB des documents utilisés par les entreprises pour offrir leurs produits et services, de leurs systèmes et procédures de conformité, ainsi que des déclarations et promesses faites aux consommateurs. Le CFPB a également l'intention de mettre en œuvre un programme de supervision des établissements non bancaires basé sur les risques. Lorsqu'il s'agira de déterminer s'il convient de superviser certains établissements non bancaires et de quelle manière, le CFPB tiendra compte de plusieurs facteurs pertinents, notamment le volume d'activité de l'établissement non bancaire, les types de produits ou de services proposés et l'étendue de la surveillance exercée par l'État.
Même si la nomination de M. Cordray risque de susciter de nouvelles querelles politiques et contestations judiciaires, il est clair que tous les acteurs du secteur des services financiers peuvent s'attendre à des changements dans leur façon de travailler.
Les avocats Chris Converse ([email protected] ou 214.999.4903) et Glenn T. Singleton ([email protected] ou 214.999.4646) du cabinet Gardere, auteurs de cette alerte, se tiennent à votre disposition pour répondre à toutes vos questions concernant le CFPB. N'hésitez pas à contacter les membres de l'équipe Corporate de Gardere.