La législature du Massachusetts adopte une réforme complète en matière de non-concurrence et de secrets commerciaux
La Cour générale du Massachusetts a adopté une loi qui, si elle est signée par le gouverneur, réformera en profondeur la législation régissant les clauses de non-concurrence des employés et le détournement de secrets commerciaux. Si elle est promulguée, cette loi entrera en vigueur le 1er octobre 2018, laissant aux employeurs du Massachusetts seulement deux mois pour évaluer leurs pratiques actuelles et s'adapter aux nouvelles dispositions.
Accords de non-concurrence
En vertu de la nouvelle législation, les clauses de non-concurrence doivent être consignées par écrit, signées par l'employeur et l'employé, et stipuler expressément que l'employé a le droit de consulter un avocat avant de les signer. De plus, les accords conclus alors que l'employé travaille déjà pour un employeur doivent être assortis d'une « contrepartie équitable et raisonnable, indépendante de la poursuite de l'emploi ».
Limites des clauses de non-concurrence
La législation codifie également certaines limites quant à la portée des clauses de non-concurrence. Les clauses de non-concurrence ne peuvent être utilisées que pour protéger les secrets commerciaux, les informations confidentielles et la réputation d'un employeur. La période de non-concurrence ne peut s'étendre au-delà d'un an après le départ de l'employé. Toutefois, cette période peut être prolongée jusqu'à deux ans si l'employé a manqué à une obligation fiduciaire envers son employeur ou s'il a détourné des biens de celui-ci. Sur le plan géographique, un accord de non-concurrence sera présumé raisonnable s'il se limite à la zone dans laquelle l'employé a fourni des services ou a eu une « présence ou une influence significative » au cours des deux années précédant son licenciement. Un accord doit également être raisonnable en ce qui concerne « la portée des activités interdites par rapport aux intérêts protégés », ce qui semble inviter les tribunaux chargés d'analyser les accords de non-concurrence à procéder à un test de mise en balance spécifique à chaque accord.
Obligation d'indemniser les employés pendant la durée de l'accord
Il convient de noter en particulier que les clauses de non-concurrence doivent prévoir une indemnisation, même pour un employé ayant quitté l'entreprise, pendant la durée de la période de non-concurrence. La nouvelle loi semble envisager que les employés auront généralement droit à une partie proportionnelle d'au moins 50 % de leur salaire de base annualisé le plus élevé au cours des deux années précédant leur licenciement.
Autres dispositions
La législation habilite expressément les tribunaux à « biffer » ou à réviser un accord de non-concurrence inapplicable. Une clause de non-concurrence inapplicable n'entraîne pas la nullité du contrat ou de l'accord plus large dont elle fait partie.
Les clauses contractuelles relatives au choix de la loi applicable ne permettront probablement pas aux employeurs d'échapper aux effets de cette législation du Massachusetts. Une clause relative au choix de la loi applicable qui aurait pour effet de contourner cette loi sera nulle si l'employé était résident ou employé dans le Massachusetts le jour de son licenciement et au moins 30 jours avant celui-ci.
Il est important de noter que cette législation se limite aux accords de non-concurrence ; elle ne s'applique pas à d'autres types de clauses restrictives, telles que les accords de non-sollicitation et les accords de non-divulgation, entre autres.
De plus, la législation ne traite pas de la doctrine dite du « changement important », qui a été utilisée par certains tribunaux appliquant la loi du Massachusetts pour invalider des accords de non-concurrence au motif que les fonctions et la rémunération d'un employé avaient changé de manière importante après la signature d'un accord de non-concurrence.
Détournement de secrets commerciaux
La loi du Massachusetts sur les secrets commerciaux relève en grande partie du droit coutumier. Avec la nouvelle législation, cependant, le Massachusetts rejoindra pratiquement toutes les autres juridictions du pays et adoptera un régime législatif inspiré de la loi uniforme sur les secrets commerciaux (Uniform Trade Secrets Act). Entre autres choses, la détermination du caractère secret d'une information ne dépendra probablement plus d'un test de mise en balance de six facteurs effectué par les tribunaux. L'adoption de la loi uniforme sur les secrets commerciaux devrait dissiper toute controverse persistante quant à la nécessité pour un secret commercial de rester « en usage continu » pour bénéficier d'une protection dans le Massachusetts, cette exigence étant spécifiquement rejetée dans la loi uniforme sur les secrets commerciaux.
Conclusion
Cette législation marque potentiellement une évolution importante dans le droit du travail et de l'emploi du Massachusetts et pourrait modifier le paysage juridique concernant les clauses de non-concurrence et le détournement de secrets commerciaux pour les années à venir. Bon nombre des nouvelles dispositions sont conformes au droit commun existant et ne devraient guère surprendre. Néanmoins, la date d'entrée en vigueur potentielle n'étant plus que dans deux mois, le temps presse. La loi ne s'appliquera qu'aux clauses de non-concurrence conclues à compter du 1er octobre 2018. Les employeurs doivent néanmoins évaluer leurs pratiques actuelles et leurs accords de non-concurrence afin de déterminer si des modifications doivent ou devraient être apportées. Les employeurs d'autres États doivent rester vigilants pour voir si cette nouvelle loi lance une tendance dans d'autres États.