Investissements liés à la mission validés par l'avis 2015-62 de l'IRS
À l'instar de nombreux investisseurs, les fondations réfléchissent à la manière d'utiliser leurs actifs pour générer des rendements tout en promouvant leurs causes sociales et caritatives (une stratégie parfois appelée « investissement à impact social »). Une approche consiste à s'engager dans des investissements liés à la mission (MRI). Un MRI est un investissement financier qui s'aligne sur une mission caritative et la fait progresser, mais dont l'objectif principal est le rendement financier.
L'IRM n'est pas définie par le Code des impôts américain (Internal Revenue Code) ni par les règlements du Trésor américain (Treasury Regulations), et des questions ont été soulevées quant à savoir si un tel investissement entraînerait des pénalités en vertu de la règle relative aux « investissements à risque » prévue à l'article 4944. Cette règle impose une taxe d'accise sur les investissements imprudents réalisés par une fondation privée qui pourraient compromettre l'objectif d'exonération de cette dernière. Les gestionnaires de fondations craignent que le fait de choisir d'investir dans une entreprise plutôt qu'une autre en raison des objectifs d'impact social de la fondation puisse enfreindre cette règle si cela implique de choisir un investissement offrant un taux de rendement attendu plus faible ou un risque plus élevé. Par exemple, la fondation peut choisir de ne pas détenir d'actions dans une entreprise de tabac en raison de l'impact social de cette activité ; si une action dans le secteur du tabac offre un meilleur rendement que d'autres alternatives, certains ont fait valoir que le fait de ne pas investir dans cette action enfreindrait la règle relative aux investissements compromettants. Les exemples courants de MRI sont les start-ups qui ont des chances de réussir en raison du désir des consommateurs d'avoir un impact social par leurs achats ou leurs activités, telles que Impossible Foods, Toms Shoes et Warby Parker, qui sont des investissements financiers crédibles, mais qui offrent également des rendements sociaux positifs.
Les investissements liés à la mission et à l'impact social appartiennent à une catégorie différente de celle des « investissements liés au programme ». L'IRS considère depuis longtemps que les « investissements liés à des programmes » (PRI) ne déclenchent pas la règle d'investissement à risque, car ils bénéficient d'une exception spécifique à cette règle. Mais les règles d'éligibilité aux PRI sont beaucoup plus strictes : pour être considéré comme un investissement lié à un programme, l'objectif principal d'un investissement doit être caritatif, éducatif, scientifique, etc. et la production de revenus ou l'appréciation de la valeur des biens ne peut pas être l'objectif principal de l'investissement. En revanche, les MRI et les investissements à impact social comprennent des investissements dont l'objectif principal est le rendement financier et concernent souvent de grandes sociétés cotées en bourse (ou simplement des cas où les fondations souhaitent éviter certains types d'investissements socialement négatifs).
Pour répondre à cette question, l'IRS a publié l'avis 2015-62. Dans cet avis, l'IRS a confirmé qu'une fondation peut tenir compte de sa mission lorsqu'elle prend des décisions d'investissement sans enfreindre la règle relative aux investissements risqués (cette règle s'appliquait à tous les types d'investissements, même ceux dont l'objectif principal était de générer des profits et des gains). En d'autres termes, les fondations ont la latitude nécessaire pour prendre en compte l'impact social lorsqu'elles réalisent des investissements. L'avis de l'IRS stipule que la fondation doit néanmoins faire preuve de la diligence et de la prudence requises dans ses décisions commerciales.
L'avis 2015-62 permet aux fondations privées d'effectuer des investissements dans le cadre d'une stratégie d'investissement à impact social « proactive », dans laquelle le gestionnaire d'investissement recherche activement des entreprises qui généreront des rendements financiers ainsi qu'un impact social et environnemental positif, ou d'une « approche de sélection » plus passive, dans laquelle le gestionnaire d'investissement évite certains secteurs ou certaines activités dans ses choix d'investissement.
L'avis 2015-62 de l'IRS fait référence aux lois des États exigeant des investissements prudents de la part des fondations. Ces lois seront examinées dans un prochain article.