L'arbitrage international en vertu des traités internationaux : un remède potentiel aux menaces d'expropriation de Poutine
La Russie a récemment annoncé que son ministère du Développement économique avait rédigé un projet de loi visant à empêcher l'exode des entreprises internationales hors de Russie en les nationalisant.1 Le projet de loi soutenu par Poutine permettrait à la banque publique et à l'agence de garantie des exportations de saisir les biens des entreprises étrangères qui ont décidé de quitter la Russie.2 Le parti Russie unie a déclaré qu'il s'agissait de « la première étape vers la nationalisation des organisations étrangères quittant la Russie ».3 Les actions des nouvelles entreprises seraient mises en vente, les anciennes entreprises seraient liquidées et, si personne n'achetait les nouvelles actions, l'entreprise serait nationalisée.4 Selon les médias, les procureurs russes ont contacté des entreprises occidentales pour les avertir que leurs actifs risquaient d'être saisis par le gouvernement si elles décidaient de cesser leurs activités en Russie.5
Toute expropriation ou saisie d'actifs par la Russie pourrait constituer une violation des obligations contractuelles de la Russie. Si la Russie choisit de prendre de telles mesures, les investisseurs dans les entreprises expropriées ou nationalisées pourraient demander réparation en vertu des traités d'investissement bilatéraux (ou multilatéraux) que la Russie a conclus avec plus de 60 pays.6 Ces traités d'investissement bilatéraux (TIB) contiennent généralement des dispositions protectionnistes pour les investisseurs des États signataires du traité contre des mesures telles que l'expropriation. Par conséquent, l'expropriation proclamée par la Russie des actifs d'un investisseur étranger provenant d'un pays ayant conclu un TBI avec la Russie exposerait cette dernière à une action en justice de la part de cet investisseur. Dans ce cas, selon les termes du traité en question, les investisseurs peuvent introduire une demande d'arbitrage auprès de la Commission des Nations unies pour le droit commercial international (CNUDCI) ou du Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI) du Groupe de la Banque mondiale, selon le traité.
Les clients doivent examiner la structure de leurs investissements en Russie afin de déterminer si ce recours juridique leur est accessible en cas d'expropriation. En raison de la nature nuancée du droit international et de la diversité des termes utilisés dans les TBI eux-mêmes, il est important d'évaluer cette question avec un avocat qui possède des connaissances et une expertise dans ce domaine du droit. Par exemple, le droit international définit généralement l'investisseur comme l'entité directe qui introduit la demande et non le propriétaire ultime de l'investissement. Toutefois, certains traités modifient cette définition et attribuent la nationalité de l'investisseur à la société qui exerce le contrôle. À titre d'exemple, dans certains cas, il est possible qu'une entité américaine qui n'a pas conclu de TBI avec la Russie puisse néanmoins introduire une plainte si son investissement en Russie transite par une entité constituée dans un État signataire d'un TBI. Toutefois, si le TBI fait référence au contrôle pour définir la nationalité d'un investisseur, alors le TBI lui-même peut exclure toute réparation.
Si vous avez des questions sur les informations présentées ci-dessus ou si vous souhaitez analyser votre investissement et discuter des réclamations potentielles et de la protection de votre investissement, veuillez contacter les auteurs de cet article.
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1 Jeanne Whalen, The Washington Post, « La Russie envisage de nationaliser les entreprises occidentales qui ont fermé leurs portes en raison de l'invasion de l'Ukraine » (10 mars 2022), https://www.washingtonpost.com/business/2022/03/10/russia-nationalize-foreign-business-ukraine/.
2 Radio Free Europe/Radio Liberty, « La Russie prépare le terrain pour nationaliser les entreprises étrangères dans le contexte des retombées de la guerre en Ukraine » (10 mars 2022), https://www.rferl.org/a/russia-nationalize-foreign-companies/31746695.html.
3 Id.
4 Id.
5 Rob Graver, VOA, « Putting menace de nationaliser les entreprises occidentales qui quittent la Russie » (14 mars 2022), https://www.voanews.com/a/putin-threatens-to-privatize-western-companies-that-exit-russia-/6485253.html.
6 Nations Unies CNUCED, Navigateur des accords internationaux d'investissement – Fédération de Russie, https://investmentpolicy.unctad.org/international-investment-agreements/countries/175/russian-federation (dernier accès le 20 mars 2022).