Un grand auteur-compositeur et chanteur américain a écrit un jour : « Piquets de grève et pancartes, ne me punissez pas avec brutalité, parlez-moi pour que vous puissiez voir ce qui se passe... » – Marvin Gaye, 1971
Comme cela a été largement relayé dans les médias généralistes, les employés d'un grand entrepôt Amazon situé à Staten Island, dans l'État de New York, ont récemment voté en faveur de la création d'un syndicat. C'est la première fois qu'un syndicat remporte une élection dans un établissement Amazon. Le vendredi 8 avril 2022, Amazon a déposé une objection auprès du Conseil national des relations du travail (NLRB), qui, si elle aboutit, pourrait invalider le vote en faveur du syndicat. Ce qui a été moins largement rapporté et devrait préoccuper nos lecteurs, c'est que le syndicat qui a remporté l'élection n'était pas l'un des syndicats traditionnels. Les vainqueurs sont plutôt un syndicat indépendant créé par deux anciens employés de l'entrepôt. La manière dont ces deux hommes ont réussi leur pari et ce qu'ils comptent faire ensuite devraient être étudiés attentivement par tout employeur inquiet des tentatives de syndicalisation dans son entreprise.
La victoire syndicale chez Amazon fait suite à une série d'élections syndicales réussies dans divers magasins Starbucks à Buffalo et dans d'autres endroits de New York. Notre précédent reportage sur la syndicalisation chez Starbucks est disponible ici. Ces élections ont tellement inquiété le conseil d'administration que l'ancien PDG Howard Schultz, qui «a fait de l'entreprise une puissance mondiale », est revenu dans l'entreprise pour gérer la situation. Contrairement aux travailleurs d'Amazon, le syndicat Starbucks Workers United Workers Union est affilié au Service Employees International Union (« SEIU »), bien que cette affiliation soit quelque peu dissimulée afin de donner l'impression qu'il s'agit, comme le syndicat d'Amazon, d'une initiative populaire. Le SEIU revendique près de 2 millions de membres, ce qui en fait l'un des plus grands syndicats du pays. On peut supposer que le SEIU apporte un soutien financier important à la poursuite de la syndicalisation chez Starbucks.
Dans le même temps, le NLRB vient de publier un communiqué de presse indiquant qu'entre le 1er octobre 2021 et le 31 mars 2022, les demandes de représentation syndicale déposées auprès du NLRB ont augmenté de 57 % par rapport au premier semestre de l'exercice 2021. Comme indiqué dans le communiqué de presse, le budget proposé par le président Biden pour l'exercice 2023 prévoit une augmentation de 16 % du financement du NLRB.
Cette recrudescence de l'activité syndicale survient au lendemain d'une pandémie qui a duré deux ans, à un moment où le marché du travail est en pleine mutation et où l'on assiste à ce que l'on a appelé « la grande démission ». Comme l'a écrit un autre célèbre auteur-compositeur , « Il se passe quelque chose ici. Mais on ne sait pas exactement quoi ». Est-ce le COVID ? Est-ce un changement dans l'attitude des employés vis-à-vis de l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée ? Est-ce une révolution sociale ? Les réponses ne seront peut-être pas connues avant un certain temps, mais en attendant, voici quelques recommandations :
- Étudiez attentivement les méthodes et les tactiques utilisées dans ces récentes campagnes d'organisation réussies. Tout comme en politique, les réseaux sociaux ont transformé la manière dont les employés interagissent entre eux et dont les groupes souhaitant syndiquer un lieu de travail peuvent efficacement faire passer leur message.
- Analysez la manière dont votre entreprise communique avec ses employés. Votre entreprise est-elle restée figée dans le passé, utilisant uniquement des messages à sens unique via des notes affichées sur des panneaux d'affichage et des discours destinés à un public captif ? Que fait votre entreprise pour comprendre les véritables préoccupations de ses employés ? Votre entreprise utilise-t-elle efficacement les réseaux sociaux pour faire passer son message avant que les employés ne commencent à s'organiser ? Pour en savoir plus sur ce sujet, consultez l'article complémentaire de cette semaine.
- Formez vos superviseurs, formez vos superviseurs, formez vos superviseurs ; on ne le dira jamais assez ! Les superviseurs de premier et deuxième niveaux sont souvent le maillon faible des programmes de prévention syndicale d'une entreprise. Vos superviseurs savent-ils écouter et comprendre efficacement les véritables préoccupations de leurs employés ? Savent-ils communiquer efficacement le message de l'entreprise de manière à inspirer confiance aux employés et à les convaincre qu'ils n'ont pas besoin d'un syndicat ?
Les questions sont complexes et les réponses difficiles à trouver. Cependant, les employeurs qui ne parviennent pas à comprendre « ce qui se passe » risquent de se retrouver confrontés à leurs propres « piquets de grève et pancartes ».